Retrouvaille [pv Arsenic]

Le poid mort qu'était ma proie gênait ma progression aussi lente que douloureuse. J'apercevais l'entré de ma caverne, me motivait en pensant au repos bien mérité que j'aurai une fois arrivée à destination. Mais rien n'y faisait, le poulain que je traînais continuait à me faire traîner de la patte, à point tel que j'avais presque envie de m'arrêter ici, a peine dix mètre de la sécurité et le calme de ma grotte. Je résistais à la tentation, sachant que ça me ferais courir un risque inutile et continuais à avancer, le sang coulant de mes blessures récentes. Je devais avouer que la mère du poulain m'avait occasionnée quelques problèmes avant de s'enfuir devant l'évidence de la mort de son petit. Mais au moins, j'avais un repas digne de ce nom à me mettre sous la dent. Si bien sûr je finissais par arriver à mon objectif. Il ne restait plus que six mètres à franchir, et à cours de patience, je jetais d'un mouvement de la gueule ma proie sur mon dos avant de courir, ne me préoccupant plus le moins du monde de la douleur. Après quatre à six bonds, je pénétrais enfin dans le monde en noir et blanc que formait les parois de ma grotte et commençais mon festin. La viande était délicieuse, tendre à souhait et je finis rapidement mon repas avant de m'éloigner vers le fond de la caverne et de dormir, étendue de tout mon long.

Lorsque je rouvris les yeux, le soleil avait a peine bougé et je mis quelques précieuses secondes avant de repéré ce qui m'avait sortis du sommeil. C'était un tigre, énorme, tout en muscle, qui se dirigeais droit vers ma grotte, ayant pénétré sans le savoir sur mon territoire. À moins qu'il l'ai sut et qu'il avait voulu comme tant d'autre avant lui vérifié la véracité des légendes me concernant. Mais le pourquoi du comment importait peu. Tout ce qui comptait, c'était la traînée de mon sang qu'il suivait et qui allait le mener droit vers moi. Je me levais lentement et me dirigeais vers l'entrée de la caverne, où je me postais, la tête haute et les oreilles plaquées sur ma nuque, à la fois fière et méprisante. Mes blessures saignaient encore, mais rien d'autre m'importais que le tigre qui m'avait vue à présent et qui semblait s'être figé. Lentement, je découvrai mes crocs et grondait. Le bruit était bas et menaçant, juste un avertissement pour le moment. Voyant que l'autre ne bougeais toujours pas, je fis quelques pas aussi lent que tous mes autres mouvements avant de me figer à mon tour. Je venais de reconnaître celui qui me faisait face. Arsenic.

J'étais surprise de le voir, mais je ne changeais pas d'attitude pour autant. Lors de notre dernière rencontre, il m'avait mise en colère avec son départ et je n'étais pas tout à fait prête à pardonner. C'est donc dans la même position que précédemment que je lui adressai la parole de mon ton le plus neutre.

- Que fais-tu ici, Arsenic?

Je restais silencieuse un moment, essayant d'invoquer la colère que je ressentais quelques secondes plus tôt à peine, mais il n'en restait rien. Après la colère venait la joie un peu bourrue d'avoir retrouver une connaissance perdue de vue. J'adressai un petit sourire en coin à Arsenic avant de me diriger vers lui d'un pas léger.

- Mes yeux ont changés? En bien ou en mal?

Je m'arrêtais à environ un mètre de lui et haussai un sourcil interrogateur. En entendant les mots qui suivirent, je ne pus m'empêcher d'éclater d'un rire joyeux avant de m'interrompre rapidement. J'avais perdue l'habitude de rire. J'avais changée, pour le meilleur comme pour le pire. Mais bon sang que ça faisait du bien de rire à nouveau! Il y avait si longtemps que je ne faisais que tuer sans jamais batîr de relation que j'avais presque oublier comment c'était d'être inscouciente et joyeuse, comme avant.

- Ils devraient savoir depuis le temps que je ne me cache pas le moins du monde! C'est plutôt ceux qui me rencontre qui se cache à toute vitesse... Sauf un qui se tient juste devant moi.

Je lui adressais un nouveau sourire, pâle réplique des sourire éblouissants que j'avais l'habitude de distribuer avant. Mais ça reviendrait un jour. Enfin peut-être...

- Et ça me surprend que tu ne te soit pas encore taillé une réputation comme la mienne. Tu n'aurai pas une grande difficulté à te faire respecter toi aussi...

Soudain, la nostalgie fut plus forte que la joie et je tournai le dos à Arsenic pour retourner au fond de ma caverne, où je me laissais tomber lourdement sur la sol glacé. Puis je lançais d'une voix forte, certaine d'être entendut;

- Eowa a disparue.

Je savais qu'il comprendrai ce que j'avais voulu dire. Eowa disparue, c'était ce qui me tenait lieu de famille qui m'était enlevé. Cette disparition m'avait occasionné beaucoup de douleur et c'était en partie à cause d'elle que j'étais devenue ce que j'étais. Arsenic savait l'affection que j'avais porté à la vielle louve et il savait, enfin je le supposais, ce que ça m'avait fait. Peut-être même comprendrait-il ma métamorphose...

Je fixai Arsenic des yeux pendant un moment et poussai un léger soupir avant de venir m'asseoir à côté de lui. Comme lui, je regardai à l'extérieur, mais pas pour les mêmes raisons. Cette terre nordique si froide était l'incarnation même de cette Faucheuse que j'étais bien souvent. Cruelle et inaccessible. Mais en ce moment, elle m'évoquait plus Eowa, blanche et mystérieuse.

- J'en doute, Arsenic. Comment pourrait-elle être vivante alors qu'elle n'est pas dans ce monde? Je sais qu'elle n'as jamais traversée dans ce monde, et les seuls à ne pas avoir traversé sont les ours... et les cadavres. Mais ne t'inquiète pas pour moi. Il y a un ans déjà que je m'efforce de «passer par-dessus son absence». Je crois que j'y réussis assez bien, compte tenu de ce qu'elle était pour moi.

Je jetais un coup d'oeil en direction d'Arsenic avant de rapporter mon attention vers l'étendut glacée qu'on voyait de l'entré de la caverne. Je laissais échaper un autre soupir, à peine plus qu'un souffle, et changeais de sujet. J'étais toujours aussi peu subtile de ce côté, mais habituellement les gens n'ose pas vraiment me le faire remarquer. Vraiment je n'ai jamais compris pourquoi.

- Bon, je suppose que tu avais une idée bien précise en tête quand tu es venu pour rencontrer la Faucheuse. Alors maintenant que tu as rencontrer cet méchante mégère, tu vas faire quoi avec?

La dernière phrase était de celle que j'aurai été du genre à sortir quand je n'étais qu'une Aëryla sans la moindre trace de Faucheuse. Ça faisait du bien de savoir qu'au fond j'étais encore capable d'être cet éternel enfant que j'étais alors. J'aimais ce que j'étais en ce temps; pleine de doute sur moi-même, possédant une conscience et ds envies de meurtre en même temps, trop joyeuse et inscouciante...

- Ne t'inquiète pas, moi non plus je ne me reconnaît pas le plupart du temps!

Je lui adressai un petit sourire tordu. Puis soudain une de ses phrase me revins. Comme je n'étais pas trop sure de ce qu'il avait voulu dire, je lui demandais des explications.

- Attend une minute. Tu croyais l'avoir trouvé? Tu veux dire que tu ne veux plus d'une alliance avec moi?

Chose qui m'arrangerais car je n'était plus vraiment faites pour ça. S'il me l'avait proposer avant que je ne change, j'aurai fait semblant de réfléchir avant de dire «Ça marche!». Mais maintenant, je n'étais plus vraiment certaine de la réponse que je donnerai. Où si, je le savais. Je dirais oui, mais je lui en ferait voir de toute les couleurs! À la fin, il regretterai surement de m'avoir choisi pour faire une alliance...

- Tu sais, si tu as encore envie de faire une alliance avec moi, tu dois savoir que je ne serais pas de tout repos. J'agi en solitaire depuis un peu trop longtemps pour être parfaitement capable d'opérer en duo. Par exemple, je suis incapable de partager un combat. Si je me bat et que quelqu'un intervient pour m'aider, il y a de grande chance pour que je me retourne contre mon sauveur. Sauf si bien sur j'ai demandé de l'aide. Mais malgrés tout, au fond c'est vrai qu'on serait d'une grande aide l'un pour l'autre. Donc, si tu veux avoir une alliance avec une tigresse orgueilleuse qui te causras beaucoup de migraine, c'est ton problème. Moi je n'aurais rien contre, même que je suis certaine que j'y prendrai un malin plaisir.

Sur quoi je lui offrit ma plus belle réplique de mes anciens sourires. Ça ne parraîssait peut-être pas beaucoup, mais peu à peu Aëryla refaisait surface. Mais j'étais certaine qu'aussitôt que ma route croiserait celle d'un tigre autre qu'Arsenic, je redeviendrai la Faucheuse dans toute sa splendeur.

J'eu une petite grimace en comprenant qu'il se sentait un peu obliger de dire oui. Si un jour on m'avait dit qu'Arsenic accepterait d'avoir une alliance avec moi par peur que je prenne mal un refus, j'aurai eu un rire méprisant et passer mon chemin, mais là... Je secouai la tête de gauche à droite en un geste incrédule.

- Tu sais, si tu dis non je ne sauterai pas à la gorge. J'ai beau ne plus être celle que tu as connue, je ne suis pas encore tombée assez bas pour m'attaquer à ceux que j'apprécie pour une offense.

Je pris une inspiration avant de relâcher un soupir faussement désolé. J'avais pris une décision un peu plus tôt et pour rien au monde j'aurai changé d'idée. Après tout, la solitude commence à peser au bout d'un moment...

- Mais maintenant que l'offre est sur le tapis, je ne la laisserais pas passer. Alors on a une alliance. Parfait, mais il faudrait peut-être qu'on voit ce qu'on vaut ensemble et si on est capable de s'entraider sas en aire trop lors d'une bataille.

Je marchai jusqu'à l'entré de la grotte, me retournai et adressai une grimace qui aurai pu passer pour féroce si mes yeux n'avaient pas pétillés de malice.

- As-tu déjà tué un aigle Arsenic? Il y en a deux qui viennent parfois sur mon territoire, mais je ne suis pas de taille contre deux aigles en même temps. Alors on va sen débarrasser et en même temps on va savoir si cette alliance pourrait fonctionner... Allez, viens!

Je commençais à courir, certaine qu'il me suivrait. Après tout, je ne lui laissais pas vraiment le choix. Je menais Arsenic jusqu'au nid des aigles, juste à la limite de mon territoire. Le couple dormait paisiblement pour le moment et j'en profitai pour observer plus en détail le terrain. Je repérais deux inconvénients majeurs. Un; la hauteur du nid. Il était juste assez haut pour qu'un tigre ne l'atteigne pas, même en sautant. Par contre, il serait facile de les faire descendre. Deux; ils commençaient à se réveiller.

J'écoutais attentivement ce qu'il me disait, mais quand il me donna des recommandations, je lui jetais un regard noir qui signifiait très clairement; «Tu me prends pour une débutante ou quoi?». Mais je restais silencieuse et immobile. D'ailleurs, la seule chose qui bougeait était mes yeux avec lesquels je suivais la route du mâle. Lorsqu'il fut hors de vue, je reculant en rampant, allant juste assez loin pour ne pas avoir l'air de sortir de nulle part. Puis je me redressais, laissais la douleur envahir mon regard jusqu'à le rendre identique à celui d'une grande blessé et me mis à avancée d'un pas mal assuré, comme si j'étais à tout moment sur le point de tomber et de m'évanouir. En passant à côté d'Arsenic, je ne le regardais pas mais je lui donnai un petit coup de patte joueur. Le geste passa inaperçu puisque j'avais de plus en plus de mal à marcher. À environ un mètre du nid où la femelle me suivait des yeux avec intérêt, je m'effondrai. Les yeux à demi-fermé, je m'immobilisais tout en restant un peu molle pour faire plus vrai. Comme prévue, l'aigle s'envola et atterrit près de moi, donnant un ou deux légers coups de bec pour voir si j'étais vraiment morte. Arsenic lui sauta sur le dos et l'immobilisant tandis que sans même laisser le temps à la femelle de se remettre du choc je lui sautai à la gorge. Lorsque je reculai, j'étais couverte de sang et d'excellente humeur.

- Et voilà le travail. Maintenant on tue le mâle à ma façon. De toute manière, nous n'avons pas le choix de le tuer parce qu'il saura des qu'il reviendra que j'ai quelque chose à voir avec ça. Donc voilà, ça va être facile tu vas voir. Première étape, ne regarde pas derrière toi, ça pourrai tout gâcher. Aussitôt que je bouge, tu auras le droit de regarder. Deuxième étape, penche-toi immédiatement!

Au moment pile ou je disais à Arsenic de se pencher, le mâle tendit les serres vers lui avant de remonter avec un cri de colère. J’attendis quelques secondes avant qu'il ne décide de tenter sa chance avec moi. En le voyant arrivé, je fis à la dernière seconde un pas de coté avant de lui sauter sur le dos. Alors qu'il tentait de reprendre de l'altitude malgré mon poids, je lui lacérais l'aile droite afin qu'il ne puisse plus voler pendant un moment. Il chuta et j'en profitais pour l'achevé avant de sauter à terre. J'avais toujours détestée m'écraser avec un aigle. Pendant la chute les serres s'accroche à tout, y comprit à celui qui vient de causer beaucoup de problème. L'habitude de sauter m'étais resté, même quand ma victime était morte avant de toucher le sol.

Je me tournai vers Arsenic, lui adressai un sourire carnassier qui me donnait un air de psychopathe.

- Je crois que ça pourrait marcher.

Et sur cette phrase, je me détournai et me dirigeais à un endroit où la neige était encore blanche. Je m'y laissai tomber et commençais à me nettoyer du sang des aigles. J'en profitais aussi pour faire le compte des blessures que j'avais subit. La femelle n'avait pas eu le temps de réfléchir et ne m'avait causé aucune blessure par contre son compagnon lui ne s'était pas priver. J'avais des marques de serres sur les pattes avant et même une ou ceux marques de bec, mais rien de plus. Une bonne nouvelle puisque je devis quand même faire le chemin de retour jusqu'à ma grotte tout à l'heure.

Je regardai Arsenic faire son ménage, un peu déçu qu'il efface les traces de notre victoire. Après tout, si je voulais que les aigles apprennent à ne pas venir m'ennuyer, je devais leur prouver que je savais me défendre. C'était sur des base comme ça que je m'étais bâtis ma réputation, en laissant ma signature après chaque combat. J'y pensai encore quand Arsenic me parla de mes blessures. Je jetais un regard sur les marques récentes sur mes pattes.

- Ne t'inquiète pas de ça. J'ai survécue à pire.

J'étirai le cou pour qu'il puisse voir la cicatrice qui l'ornait. C'était un autre tigre qui m'avait fait ça durant un combat. Il avait réussis à mordre mon cou mais je m'étais débrouiller pour lui faire lâcher prise. Mais de toute mes cicatrice, ce n'était pas la pire. En fait, je n'avais aucune idée de laquelle était la pire. Tout ce que je voyais en regardant une cicatrice, ce n'était pas la taille ni le danger que j'avais frôler mais plutôt la bataille que j'avais mener. Et pour une, je voyais l'expression sérieuse d'un amie...

- Et toi, tu as été blessé?

Étrangement, j'avais l'impression d'être responsable de lui. Impression idiote car Arsenic avait toujours été capable de prendre soin de lui-même. Mais au moins je n'étais pas la seule des deux à se sentir protecteur envers l'autre si on se fiait à l'attitude de mon nouveau compagnon d'alliance...

Lorsqu'il parti, je sentis que ça n'augurais rien de bon pour moi. Je grognais en le voyant revenir en sautillant sur trois pattes, l'autre occuper à transporter une boule de neige. Je lui jetais un regard mécontent quand il commença à s'occuper de mes blessures en mettant de la neige dessus. Je restait parfaitement immobile pour la neige, mais quand il pris la peine de me le demander quand même, je devint méfiante. Pourquoi il aurait pris la peine de me demander une chose que je faisais déjà? La réponse était simple; il savait que ça n'allait pas me plaire. En le voyant approcher la tête de ma blessures la plus importante, je fis tout de suite le lien et émis un grondement. Je ne bougeais pas, mais au fur et à mesure qu'il nettoyait mes plaies, l'envie de m'éloigner devint de plus en plus forte. Je résistais, mais plus d'une fois je fis claquer mes mâchoires dans le vide en grondant. Ce que je pouvais détester me faire soigner! Quand finalement Arsenic eut fini de me torturer, je rampais un peu plus loin en lui jetant un regard méfiant. J'avais un peu peur qu'il se rende compte qu'il a oublier quelque chose et se remette à me soigner.

- C'est une manière comme une autre de quitter ce monde. Ah et Arsenic? La prochaine fois, c'est moi qui joue les infirmières...

Sur quoi je soupirai et me couchai sur le côté, prête à m'endormir. Étrangement, je prnais toujours cette poriton pour dormir même si elle n'était pas confortable. Avant je me roulai en boule, maintenant j'étais étaler comme un tapis de fourrure. Vraiment, ça faisait changement... Juste avant de m'endormir, je songeais à mettre au clair un petit détail.

- Tu dors ici où t'as un autre endroit?

Mais je n'entendis pas la réponse, j'avais déjà sombrer dans le sommeil...

À mon réveil je fus un peu surprise d'entendre une voix, puis je me rappelais la journée précédente. Je baillais et sans me lever je répondis à Arsenic, la voix encore toute ensommeillée.

- Comme d'habitude... Et oui, il y a des loups dans les parages. Des petits tout mignon qui ne cause jamais de problème...

Je baillai une nouvelle fois et me levais enfin. Le matin était un moment que je détestais plus que tout, puisque à mon réveil j'étais maladroite et j'offrais une cible facile. Il y a un moment où j'avais essayé de m'entrainer à être plus alerte au réveil, mais c'était peine perdu. Là-dessus, une alliance était une bonne chose car ainsi je n'avais plus à m'inquiété de me faire surprendre par mes ennemis dans un moment de faiblesse.

C'est donc en étant plus ou moins alerte que je m'assis derrière Arsenic, un peu de côté afin de pouvoir voir dehors. Vraiment, j'adorais mon environnement d'un blanc éclatant, bien que tacher de rouge là où le sang que nous avions fait couler la veille l’avait touché.

- Bon, est-ce qu'on répète le même schéma que la dernière fois? Vas-tu t'en aller sans raison ni explication?

Je poussais un léger soupir et penchais la tête de côté, fixant sur le grand tigre mes yeux de glace. Étrangement, je craignais la réponse qu'il allait me donner. J'avais peur de l'avoir retrouvé pour le perdre si tôt, malgré notre alliance. Nous avions beau ne jamais avoir dépassé le stade de simple connaissance, j'appréciais Arsenic.

À sa réponse je laissais échapper un petit rire. Je n’allais tout de même pas le dire, mais je ne voulais pas qu'il parte. Simplement parce quand il était là, j’étais capable d'être l'ancienne moi. Plus encore, j'en avais envie. Dans ces conditions, je ne pouvais pas vraiment le laisser partir. Autant dire qu'il allait m'avoir sur le dos pendant un long moment...

Quand il me posa sa question, je clignais des yeux, surprise, et je lui donnais un petit coup de patte amical.

- Désolé Arsenic, mais je dois t'avouer quelque chose.... tu ne seras pas débarrasser de moi avant un bon bout de temps. Tu vois, quand tu es là j'ai tendance à être à nouveau celle que tu as connue, et ça me plait d'être Aëryla et non la Faucheuse. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai beaucoup de difficulté à être cette dernière avec toi. C'est comme se débarrasser d'une responsabilité trop lourde et partir en vacance le fait d'être à nouveau cette tigresse inconsciente et gamine. Elle me manquait à la longue.

Je fis une pose et souri d'un air innocent. J'étais vraiment curieuse de savoir comment réagirait Arsenic à mes prochaines paroles.

- Et de toute manière mon cher, tu semble ne plus être aussi puissant qu'avant. Je doute que tu survives très longtemps sans mon aide. Après tout, tu as quoi, huit ans? Vraiment tu commence à te faire vieux mon ami!

Bien sur le fait que moi j'ai environ cent ans ne comptai pas. J'avais eu la chance d'arrivé ici avec le corps d'une tigresse de cinq ans, même si maintenant j'en avais six. Vraiment, j'étais encore toute jeune!

Je lui donnais un léger coup de museau dans le cou et dit;

- Ne t'inquiète pas, je te taquinais. Et pour être sincère, si tu es vieux au bout de seulement huit ans, alors imagine moi avec mes 106 ans! De toute manière on s'en fiche de l'âge qu'on a. La vie est déjà assez pénible sans qu'on en rajoute en s'inquiétant de l'âge et de toutes ces choses inutiles qu'on considère si importante. Au bout du compte on finit tous de la même manière, oubliés par les Déesses que l'on vénérait il n'y a pas tellement longtemps... Comme Eowa...

Je m'interrompis, me rendant compte de ce que je disais. Je m'étais laissé emporter par mes pensées, les disant à voix haute. Poussant un soupir, j'adressais un petit sourire à Arsenic.

- Enfin bref, ne t'inquiète pas de ton âge.

Je soupirais encore une fois et laissa mes yeux vagabonder un peu partout, à la recherche de chose dont j'ignorais la nature. Comme toujours, je recommençais à penser à Eowa, alors que je savais parfaitement que ça ne ferait que me blesser. Il faut dire que cette vielle louve ne se laissait pas oublier facilement, même dans la mort.