Rencontre dangereuse... ou pas ? [PV Aëryla]

Vite, encore plus vite. Courir. Ces mots résonnaient dans la tête de la jeune louve blanche. Elle ne distinguait rien, rien d'autre qu'une tâche grise à ses côtés, perdus dans une immensité de sortes de lumières sombres. Elle ne sentait pas la douleur de ses pattes et son coeur battre la chamade dans sa poitrine. Il lui fallait juste fuir. Fuir loin de la masse sombre qu'elle savait derrière elle. L'image du corps déchiqueté de son frère revint à son esprit. Tout s'arrêta. Le louveteau qui était à ses côtés tomba, ne bougeant plus. Elle savait qu'il ne se relèverait pas. Un tourbillon grisâtre envahi le monde, et un murmure s'éleva, devenant une clameur de plus en plus forte : Ce sera ton tour.... Tu ne nous échappera pas ! Trou noir. Humide. Chute interminable....

... Ce fut comme si Cerrydwen était retombée dans ce buisson plein de gouttes de rosée. Ses yeux d'argent scrutèrent anxieusement les alentours. Rien. Rien d'autre que l'obscurité de la nuit encore profonde. Entourée de solitude. Méfiante, elle écouta les bruits qui lui parvenaient jusqu'a ses fines oreilles. Rien non plus. Elle se releva alors. Encore ce cauchemar... Ce même rêve qui la hantait depuis que ses frères étaient partis. Elle était seule, sans aucun ennemi proche. Du moins, pour l'instant. Sans doute son odeur serait-elle facile à pister. Une proie jeune n'est d'autant plus que facile à attraper si elle ne se décidait pas à bouger. Se déplacer, d'accord, mais pour aller ou ? La louveteau au pelage de neige n'en avait pas la moindre idée, mais elle devait quitter cet endroit. Ne jamais rester trop longtemps dans un même lieu... C'était trop risqué. Elle se releva, décidant de reprendre la marche, malgré l'obscurité. Ce n'était pas un souci. Cela la cacherait des autres. Tout est dangereux ici, il ne faut se fier à rien. Elle l'avait appris à ses dépends, et elle ne se laisserait plus avoir, peut importe ce qu'en disait son rêve... Du moins, elle l'espérait. Refusant de se laisser aller dans ce genre de pensées, elle se concentra sur la route. Les petits cailloux et les herbes sèches qui la peuplaient. Sans destination, nul part où aller. Peu à peu, elle se rendit compte qu'elle était encore fatiguée. Elle n'avait pas dormi longtemps, en fin de compte, et ce rêve ne la reposait pas. Elle continua néanmoins sa route, ne voyant nulle part où s'arrêter. Enfin, elle distingua des grottes, là bas, dans la pénombre lointaine. Elle eut envie de s'élancer pour aller s'y abriter, mais la prudence la retint. S'approchant à pas légers, elle eut tôt fait de s'apercevoir qu'elle avait eu raison. Une sorte de chemin de glace était taillé. Prudemment, elle posa une patte sur ce sol froid, avant de prendre de l'assurance et d'avancer plus vite, bien que se méfiant des bords qui lui semblaient traitres. Un bruit de pattes l'alerta. Elle tourna la tête et vit dans le lointain un animal grand, plus grand qu'un loup, un tigre surement, qui arrivait. Elle accéléra le pas. Il aurait tôt fait de la rattraper. Si elle était repérée, s'en serait fini d'elle. Une ouverture sur sa gauche. Sans hésitation, elle s'y faufila. Elle n'avait pas le temps de réfléchir aux conséquences. D'un bond, elle se cacha derriere un morceau de pierre de couleur noire. Elle observa les lieux, émerveillée par la beauté des parois scintillantes malgré son inquiètude. C'est une fois qu'elle eut finit d'étudier les lieux qu'elle se rendit compte d'une chose. Pour l'instant, la seule issue qu'elle avait vue était l'entrée. Et si on lui barrait la sortie, elle était piégée. A la merci de quiconque... Si je m'en sors vivante, je réfléchirais toujours avant d'agir...

Avançant d'un pas énergique en direction de la grotte que je partageais avec Arsenic depuis notre alliance, je cherchais par réflexe une odeur inconnue. Habituellement je ne sentais rien d'autre que mon odeur et celle d'Arsenic, mais aujourd'hui il y avait une légère odeur, à peine assez prononcé pour m'inquiéter. Surement un animal de passage ou quelqu'un ayant visité les grottes à l'écart de la mienne. Du moins c'est ce que je pensais avant d’arriver face à ma caverne, où l'odeur était plus forte. Poussant un léger grognement, je m'encadrais dans l'entré pour bloquer toute fuite à l'intrus. Mais quand je vis la petite chose qui se blottissait derrière un rocher, je compris immédiatement que mon territoire n'était pas menacé. Après tout, comment une si petite louve pouvait-elle me causé du tort? Mais malgré tout, sa présence était agaçante. Je ne pouvais pas lui permettre de rester là; elle était beaucoup trop mignonne et je finirais par m'attacher à elle.

Je laissais échapper un soupir irrité et me dirigeais vers la minuscule intruse. Je tentais de la prendre par la peau du cou, mais elle s'éloigna, plu vive que je ne l'avais pensée. Retentant ma chance, je finis par l'attraper et sortis de la grotte avant de la déposée par terre. Je fixais mes yeux bleus aux siens, argentés, et commença à me sentir fondre. Je me détournais et retournais à l'intérieur de la caverne. Une fois à l'abri du vent froid qui s'était levé, je ne pus m'empêcher de regarder encore une fois en direction de la petite boule de poil. Elle semblait si fragile que je me sentis mal de l'avoir mise dehors par ce froid. Et en plus ces grands yeux argent étaient si semblables à ceux qu'avait Eowa que je finis par craquer. Je retournais chercher le louveteau et le ramenais à l'intérieur. Décidemment, le fait de revoir Arsenic m'avait rapportée un petit quelque chose de mon ancienne personnalité.

Fixant la petite louve, je me sentis fondre. Et je détestais ça. Pour m'aider à lutter contre le début d'instinct maternel que je sentais monter, je commençais à questionner mon invitée d'une voix douce pour ne pas l'effrayer.

- Bon petite, j'ai quelques questions pour toi. Premièrement, quel est ton nom? Deuxièmement, as-tu quelqu'un qui t'attends? Et finalement, comment es-tu arrivée ici?

Une ombre, plus prononcée que les autres, se dressa dans les ténèbres. Des yeux de glace se dessinèrent dans la noirceur qu'avait provoquée le blocage du passage. Un frisson parcouru l'échine de la petite louve. Un instant s'écoula, pendant lequel celle qui lui faisait face la contempla. Elle n'aurait su dire si celle-ci était surprise ou agacée, surement les deux. Mais l'agacement peut être très néfaste... Un soupir s'échappa de l'être qui se leva et se dirigea vers elle. Ne bougeant toujours pas, Cerry ferma les yeux. Elle savait que fuir était vain. L'haleine chaude de celle qui s'était approchée lentement lui parvint. D'un bond, elle recula. Pas menacente... juste tentant de sauver sa peau. La tigresse fut cependant plus rapide qu'elle. Elle sentit les crocs puissants se refermer sur la peau de son cou. Pas un son ne s'échappa de sa gorge. Contrairement à ce qu'elle s'attendait, elle ne ressentit rien. Pas la grande douleur qu'elle s'imaginait lorsque la machoire se refermerait. Non. Juste un déplacement, la respiration légère du félin, et enfin le froid. Mordant et piquant. La nuit. Le sol glacé sous ses pattes. Elle ouvrit les yeux, intriguée malgré sa peur par le comportement étrange de la tigresse blanche. Elle lui échangea un regard avant de se retourner. Un frisson la parcourut à nouveau. L'air était vraiment glacial, ici... Elle ferait mieux de détaler si elle ne voulait pas que la tigresse change d'avis, et avant qu'elle ne congèle sur place. Relevant la tête, elle s'apprêtait à repartir. Elle jeta un dernier regard vers l'intérieur de la grotte. Les yeux de glace la fixaient. Lentement, elle vit la tigresse se diriger droit sur elle. Ce fut comme si le temps s'arrêtait. Elle ne pouvait pas bouger, trop surprise par ces revirements d'attitude qu'elle ne parvenait à comprendre. A nouveau, elle sentit les crocs se refermer délicatement sur elle. Elle garda les yeux ouverts, regardant le sol scintillant défiler sous elle, sans qu'elle ait à fournir le moindre effort. Toujours délicatement, la tigresse la reposa sur le sol de pierre. Sa voix s'éleva avec douceur dans l'air frais de la caverne, ses yeux bleus fixés sur elle :

- Bon petite, j'ai quelques questions pour toi. Premièrement, quel est ton nom? Deuxièmement, as-tu quelqu'un qui t'attends? Et finalement, comment es-tu arrivée ici?

Cerry contempla un instant la tigresse au pelage blanc. Méfiante, elle se demandait quel intérêt pouvait bien avoir ces questions pour cette féline qui aurait déjà du la croquer depuis le début. Après un instant d'hésitation, elle se décida à répondre. De toute façon, lui cacher était inutile... Elle jeta ses yeux d'argents dans ceux de glace, tentant de paraitre sure d'elle. Malgré ses efforts, sa voix tremblait dans l'air nocturne.

- Cerrydwen. Si je suis en ta présence c'est un pur hazard... J'errais sans but. Enfin, je cherchais juste quelque part ou dormir ou je... ne serait pas en danger. Et non, personne ne m'attends ni ce soir, ni jamais.

Sa voix se cassa sur les derniers mots. Ses frères lui manquèrent. S'ils avaient été là, elle ne se serait pas aventurée jusqu'ici. Si elle mourrait aujourd'hui, personne ne le remarquerait... ce serait égal à tout le monde... personne ne s'en soucierait. Elle n'était rien, rien du tout pour personne. Juste une petite louve sans but, sans vie à faire. Et seule. Désespérement seule...

- Ne t'inquiète pas, tu ne seras plus seule...

Je m'arrêtais, surprise par les mots que je venais de prononcer. Sans m'en rendre compte, j'avais déjà pris ma décision concernant cette petite louve, cette Cerrydwen. J'avais déjà choisi de ne pas la laisser repartir, seule contre le monde. Mais pourquoi? Surement parce qu'elle me rappelait trop Eowa avec ses beau yeux qui avait vu beaucoup trop de chose pour un louveteau et son pelage d'un blanc hivernal et gris pâle, presque identique à celui d'Eowa. Il était tout simplement impossible de ne pas se rappeler Eowa devant cette petite boule de poil.

- Je vais surement le regretter plus tard, mais sache que maintenant tu as un chez-toi. Et une nouvelle maman si tu le souhaite.

Je me levais et alla cherchée les restant de ma proie de se matin pour les donner à Cerrydwen. Je ne ferais certainement pas un bon exemple pour la louve, mais au moins elle n’allait plus mourir de faim, pas plus qu'elle risquerait de finir dans le ventre d'un autre prédateur. J'allais la protéger, et c'était le plus important.

Soudain, en regardant la petite louve manger, je me rendis compte que je ne m’étais pas présenté et qu'elle ignorait totalement qui j'étais. Doucement, sans faire aucun geste brusque, je m’étendis à une distance raisonnable qui ne la ferait pas se sentir coincée puis je remédiai à la situation.

- Mon nom est Aëryla, bien qu'en général ce ne soit pas sous ce nom que l'on me connaisse. Et si tu accepte que je m'occupe de toi, il y aura aussi un autre tigre qui te protégera comme moi. Lui s'appelle Arsenic.

- Ne t'inquiète pas, tu ne seras plus seule...

Cerry contempla la tigresse, stupéfaite des paroles qu'elle venait de lui dire. Elle ne comprenait pas le sens de ce qu'elle lui disait, ou plutot, elle ne pouvait pas y croire. Qu'entendait-elle par ces mots ? C'était impossible... Sa voix douce s'éleva à nouveau dans les parois de la grotte :

- Je vais surement le regretter plus tard, mais sache que maintenant tu as un chez-toi. Et une nouvelle maman si tu le souhaite.

Cerrydwen ne savait que dire. Et de toute manière, elle n'aurait pas réussi à parler. Sa gorge était nouée, encore méfiante face à l'inconnue qui était si gentille, mais pourtant elle avait envie d'y croire. Elle souhaitait que cela soit vrai... Mais la peur que ce soit un piège, encore un, la tenaillait. Elle ne bougea pas, osant à peine respirer. La tigresse blanche se leva, et revint vers elle après s'être emparée d'un reste d'une proie qu'elle déposa en face d'elle. C'aurait pu être un piège, mais Cerry s'en moquait. Elle avait trop faim pour se permettre de refuser quoi que ce soit. Et puis, cela aurait peut être offensé la tigresse, songea-t-elle pour effacer toute trace de remords en elle. La chair encore tendre était un véritable festin pour la petite, qui n'avait depuis longtemps mangé que des charognes abandonnées. Levant un oeil de son repas, elle vit celle qui avait décidé de la protéger s'allonger à distance respectueuse d'elle. Elle continua de parler, sans attendre de réponse de la louve visiblement.

- Mon nom est Aëryla, bien qu'en général ce ne soit pas sous ce nom que l'on me connaisse. Et si tu accepte que je m'occupe de toi, il y aura aussi un autre tigre qui te protégera comme moi. Lui s'appelle Arsenic.

Elle écouta attentivement Aëryla parler, tout en léchant avec application la moindre partie de chair restant sur les os. Quand elle eut terminé cela, elle se lécha les babines et s'assit en face de la tigresse, la regardant droit dans les yeux, et elle lui répondit enfin :

- Tu as un joli nom, Aëryla, je trouve. Eh bien, je... je veux bien rester avec toi. Enfin, si ça ne dérange pas Arsenic. Je ne veux pas vous déranger... Enfin je... je serais me débrouiller autrement sinon... euh...

Elle ne sut plus que dire, alors elle préféra se taire, plutot que de dire des paroles vaines et inutiles.